Le Don de Soi et l’Invisibilité
Le Don de Soi et l’Invisibilité
Être dans le soin, dans l’écoute, dans l’aide, c’est souvent marcher sur un fil invisible entre la générosité et l’oubli de soi. Donner de soi est un élan naturel quand on est habité par la compassion, quand on perçoit la souffrance et qu’on sait comment l’apaiser. Mais à force de donner, sans retour, sans reconnaissance, sans même parfois une simple considération, on peut finir par se sentir vidé, invisible, comme une source que l’on puise sans jamais la remplir.
Le soin énergétique, le massage, l’acupuncture, l’écoute thérapeutique… tout cela demande plus que des gestes. C’est une transmission d’énergie, un partage de présence, un accueil du vécu de l’autre. Et pourtant, combien de soignants, de thérapeutes, de guides se retrouvent en manque de cette même présence pour eux-mêmes ? Combien finissent par s’oublier dans leur mission d’accompagner l’autre ?
La frontière entre générosité et sacrifice
Là où tout se joue, c’est dans cette frontière fine, parfois floue, entre le don et le sacrifice. L’un nourrit, l’autre épuise. L’un ouvre le cœur, l’autre le vide. Alors où mettre la limite ? Comment savoir si l’on donne trop ?
Il y a un signal simple mais puissant : quand le soin que l’on donne aux autres nous coupe de notre propre bien-être, c’est que la balance est déséquilibrée. Si, après une journée de pratique, il ne reste plus rien en soi, si l’on se sent vidé, irritable, frustré de ne recevoir en retour que des exigences ou de l’indifférence, c’est que quelque chose doit être réajusté.
Revenir à soi, se nourrir, se recentrer
Un thérapeute, un soignant, un guide, aussi dévoué soit-il, doit d’abord être ancré dans sa propre énergie. Cela signifie s’accorder du temps, se préserver des espaces de respiration, ne pas répondre à toutes les sollicitations, ne pas se perdre dans le besoin des autres au point de ne plus voir ses propres besoins.
Il faut aussi se rappeler une vérité essentielle : donner ne signifie pas se vider. Au contraire, un véritable don est un échange, un flux, un mouvement vivant où chacun reçoit quelque chose, même subtilement. Mais si ce mouvement devient unilatéral, si l’on se retrouve à porter seul un poids qui ne nous appartient pas, alors il est temps de poser des limites, de rappeler à soi son propre droit au respect et à la considération.
Et si, parfois, cela signifie dire non, s’éloigner, cesser d’être disponible pour ceux qui ne voient en nous qu’un refuge temporaire, alors ce n’est pas de l’égoïsme. C’est un acte d’amour pour soi-même. Et cet amour-là, personne ne peut nous le donner à notre place.
Commentaires
Enregistrer un commentaire